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Les amoureux de la lune

4 février 2022

34- Avant le grand départ

 Kallysse regagne sa chambre où elle retrouve Eva qui l'attendait.

- Alors, comment ça s'est passé ? lui demande-t-elle.

Kallysse a le regard triste. Elle n'a pas vraiment envie d'en parler, elle finit par répondre à Eva :

- Que veux-tu que je te dise. Ça s'est passé.

- Dan m'a fait de la peine tout à l'heure, il n'arrivait pas à comprendre que tu ne veuilles pas le voir.

- J'ai conscience que ce n'est peut-être pas juste pour lui, mais c'est dur, Eva.. c'est tellement dur ce que je suis en train de vivre.

Kallysse fait une pause et lui avoue :

- Si tu savais à quel point je lui en veux, je lui en veux tellement.

Kallysse a envie de pleurer, accablée par le poids de cette journée, elle se laisse tomber dans les bras de son amie :

- Je suis si fatiguée, si fatiguée, Eva. J'ai l'impression que cette journée n'en finit plus.

Eva sert fort Kallysse dans ses bras et lui dit avec une compassion sincère et profonde :

- Jamais je n'aurai cru que ça aurait pu t'arriver, Kallysse. Je trouve que c'est trop... Cette sanction est trop lourde pour une simple note en dessous de la moyenne. Ce n'est pas juste. J'aimerais tant faire quelque chose... Et si je demandais à Alex d'en parler à Charles. S'il en parle à son père, celui-ci pourrait sûrement faire quelque chose pour toi.

En entendant Eva faire cette proposition, Kallysse se redresse et s'éloigne de son amie en rejetant catégoriquement cette idée :

- Non, Eva. Ce n'est pas la peine de l'embêter avec ça. Il en a assez fait pour moi aujourd'hui.

En vérité, Kallysse ne souhaite pas que Charles soit informé car elle sait qu'il va apprendre très rapidement la vraie raison pour laquelle elle a été exclue, et c'est tout ce qu'elle ne veut pas. Elle veut à tout prix garder secret le motif de son exclusion. Elle regarde Eva et poursuit :

- Aujourd'hui, Charles m'a défendue face à Solène.

- Je sais, Kallysse. Je l'ai vu.

- Tu l'as vu ?

- Oui, je voulais intervenir mais quand je l'ai vu, j'ai compris que tu n'avais pas besoin de moi sur ce coup-là.

Kallysse sourit.

- Je rêve ou je viens de te voir sourire ? demande Eva en souriant

Kallysse lui confie :

- La vie est parfois pleine de surprises. Il y a une semaine, je le détestais et le fuyais comme la peste, et aujourd'hui, il a été le seul rayon de soleil de cette sombre journée. Il a été... vraiment bien !

- Vraiment bien ? Il était incroyable, tu veux dire ! Solène voulait le déstabiliser mais il est fort, vraiment fort ! Solène ne savait plus quoi lui répondre.

- Charles m'a dit qu'elle voulait sortir avec lui au lycée mais qu'il n'était pas intéressé, c'est pour ça qu'elle me déteste. Il m'a promis qu'il allait faire remonter tout ça. J'espère qu'elle va morfler pour ce qu'elle m'a fait. 

Eva regarde Kallysse en lui demandant avec un grand sourire : 

- A ton retour, tu ne voudrais pas retenter quelque chose avec Charles ?

Kallysse penche la tête et réfléchit. C'est tentant en effet, pense-t-elle. Aujourd'hui, elle avait vu Charles sous son meilleur jour, un vrai héros et Dan, au contraire, l'avait vraiment déçu. Mais elle sent que ce n'est pas si simple et que tout peut changer du jour au lendemain. Elle finit par répondre :

- Je ne sais pas, Eva... Je n'ai pas vraiment les idées claires aujourd'hui. 

- Je comprends. Tu dois être très fatiguée, je vais te laisser te reposer.

Eva quitte la chambre laissant Kallysse face à elle-même. Pour cette dernière, l'heure est venue d'arrêter de se lamenter et d'oublier au plus vite cette journée. Elle ferme les yeux, prend une grande inspiration et expire lentement, puis s'exclame :

- Préparons pour ma grande expédition de demain.

Elle demande à sa montre :

- Quéri, quel temps fera-t-il demain sur Kourou ?

- Demain, à Kourou, le temps sera partiellement couvert, avec des éclaircies surtout en milieu de journée. La température minimale sera de 24° et la température maximale de 29°.

- Super, le temps est idéal. C'est déjà un bon point. Je dois sortir d'ici vers 6 heures, je pense que je pourrais sortir discrètement à cette heure-là. Il me faudra à boire et à manger. Je vais devoir prendre des sandwichs et des bouteilles d'eau dans le distributeur demain matin.

Elle choisit deux jeans et deux tee-shirts qu'elle met dans son sac à dos. Elle cherche sa casquette et la met sur la table.

- Quéri, mets l'alarme pour 5 heures demain.

- L'alarme est activée pour demain 5 heures. Pensez à recharger ma batterie, elle n'est que de 37%.

- Merci Quéri ! Ouf, j'ai failli oublier de te recharger.

Kallysse met sa montre à charger et s'allonge sur son lit.

En pensant au  lendemain, elle n'a aucune appréhension, aucune peur. Elle ne savait pas si téméraire et si déterminée pourtant, ce soir rien ne semble l'arrêter. Elle a un plan et elle sait qu'elle ira jusqu'au bout quoiqu'il arrive. Elle ferme les yeux et tente de dormir. Demain sera un grand jour, se dit-elle. Comme si un nouveau monde l'attendait, une nouvelle vie...

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20 janvier 2022

33- Kallysse au bord du gouffre

Enfermée dans sa chambre, Kalysse s'effondre. Elle était si heureuse d'être ici à ESIRA. Elle n'arrive pas à croire ce qui lui arrive.
Pourquoi le sort s'acharne-t-il contre elle ? Qu'avait-elle fait au Bon Dieu pour mériter ça ? Elle se sent si nulle, elle a l'impression de tomber dans un puits sans fond, elle voudrait s'accrocher et remonter mais elle n'y arrive pas. Elle n'en a plus la force. Elle ferme les yeux et se laisse tomber. Elle n'avait jamais connu un tel désespoir, jamais. A cet instant, l'expression : être triste à en mourir prend tout son sens, elle a envie de mourir. Elle laisse couler ses larmes, elle pleure, pleure pendant longtemps, très longtemps comme si elle voulait se vider de toute l'eau de son corps. Dans sa tête, elle revoit toutes les images de cette horrible journée comme ces cauchemars qu'on veut oublier mais qui reviennent sans cesse à notre mémoire : son 7 sur 20 en astrophysique, les attaques de Solène, cette pétition demandant son exclusion, le discours du doyen... Soudain, quand elle revoit ce dernier lui dire : "Vos parents vont être très déçus !" ça lui fait l'effet d'un électrochoc, la sortant brutalement de sa léthargie. Kalysse se redresse et s'écrit : "Non ! Mes parents ne seront pas déçus. Je ne peux pas leur faire ça !" Elle repense à sa mère à qui elle venait de promettre que rien ni personne ne lui ferait arrêter ses études. Elle se dit que ce n'est que l'affaire de quelques jours, qu'ils ne doivent en aucun cas être au courant. Elle finit par relativiser et voir le verre à moitié plein. "Ce n'est pas une exclusion définitive après tout" se dit-elle.

Kalysse attrape la lettre que lui avait remise le doyen et la lit. Le courrier lui signifie qu'elle est exclue jusqu'à dimanche prochain. "Il faut que je trouve un endroit où aller pendant ces quelques jours. Mais, où ? Ma seule amie, c'est Eva et elle est ici. Je ne peux pas lui demander ça. Je ne peux pas aller chez mes tantes, elles ne pourront jamais garder le secret. Dan ? C'est un peu à cause de lui que je suis dans cette situation. Il peut m'aider, il doit m'aider." Aussitôt, elle l'appelle. Il répond :

- Kalysse ?

- Dan, excuse-moi de te déranger...

- Kalysse, je suis désolé, tu tombes mal. Je dois aller en réunion, je ne peux vraiment pas te parler.

- Dan, attends. J'ai un très gros problème...

- Ma réunion commence, je te rappelle juste après. Je suis vraiment désolé.

- Mais c'est...

Dan raccroche. Kalysse n'a pas eu le temps de finir sa phrase, elle fulmine :

"Je n'arrive pas à le croire, il vient de me raccrocher au nez. Ce Dan, pour me foutre dans la merde, il est là mais pour m'en sortir, je peux toujours courir. Je ne peux vraiment pas compter sur lui. Il veut aller sur la lune et bien qu'il y aille ! Qu'il aille se faire voir !

Elle s'allonge sur le dos et les yeux fixés sur le plafond, elle arrive à une triste conclusion :

- Ma mère avait raison finalement, il est vraiment loin d'être parfait. "Quelqu'un qui travaille n'a pas du tout les mêmes priorités que toi, ma fille." Jamais elle n'avait vu aussi juste... Eva aussi avait raison, c'était complétement inconscient de sortir d'ESIRA, qu'est-ce qui m'a pris de m'être embarquée dans cette galère. En plus, à cause de lui, toutes les filles de ma classe sont devenues envieuses et jalouses de moi. Ma petite vie tranquille est devenue un véritable enfer depuis que je sors avec lui... Au fond, tant mieux s'il est occupé, il risquerait de me porter encore la poisse. Je dois m'en sortir seule.

Kalysse lance donc une recherche sur sa montre via son assistant vocal, Quéris :

- Quéri, où est-ce que je pourrais dormir à Kourou pour le reste de la semaine ?

- Il y a 21 hébergements possibles à Kourou. Voici la liste des hôtels et gîtes à proximité.

Kalysse regarde la liste mais le problème, c'est qu'elle n'a pas d'argent. Etre étudiant à ESIRA, c'est vivre dans un monde où l'argent n'existe pas. Elle paye tout : ses boissons, ses repas, son matériel et ses documents en pointant sa carte d'étudiant comme une carte bleue au plafond illimité. Cet avantage qu'elle a à ESIRA n'est malheureusement pas valable à l'extérieur.

"Je ne vais pas dormir sous les ponts quand même !" se dit-elle. Alors, lui vient une idée. Elle lance une autre recherche :

- Quéris, trouve-moi tous les refuges pour femmes de Kourou.

- Il n'y a qu'un refuge pour femmes à Kourou.

Kalysse zieute les informations que lui propose Quéris, satisfaite, elle poursuit :

- Quéri, quel est l'itinéraire le plus rapide pour y arriver.

Quéri calcule :

- 22 kilomètres soit 3 heures et 39 minutes pour y arriver à pied en tablant sur une vitesse moyenne de 6 kilomètres heure.

- Ce n'est pas la porte d'à côté mais ça ne me fait pas peur. Merci, Quéris ! On ira là-bas, je sortirai d'ici très tôt demain matin.

Kalysse sourit. Contente d'avoir pu trouver un endroit où dormir pendant ces quelques jours. Il lui faudra marcher pour y aller mais ça ne lui fait pas peur. Impulsive et intrépide, elle a hâte d'y aller comme si elle se lançait dans une aventure.

Puis, elle entend sa montre vibrer, c'est peut-être Dan se dit-elle. Non, c'est Eva. Celle-ci lui demande affolée :

- Kalysse, où es-tu ? Pourquoi n'es-tu pas revenue dans la classe ?

- Eva, ça ne va pas du tout. C'est trop long à te raconter, je te dirais tout, tout à l'heure.

- Tu m'inquiètes là. J'arrive !

- A toute !

Quand Eva débarque dans la chambre de Kalysse, elle voit son amie assise sur le lit, le visage triste, elle remarque tout de suite que celle-ci a beaucoup pleuré.

- Alors ? lui demande-t-elle.

Kalysse lui répond mais ne lui raconte pas tout, un peu par orgueil, car Eva lui avait dit qu'elle aurait des ennuis à sortir d'ESIRA comme elle l'avait fait. Elle ne voulait pas l'entendre dire "Je te l'avais dit !" Elle n'avait pas besoin de ça. Sa journée avait déjà été assez pourrie comme ça. Elle prétend alors qu'elle a été exclue à cause de sa note jugée insuffisante. Elle lui montre la lettre sur laquelle il n'était pas fait mention du motif de l'exclusion.
Kalysse fait croire à Eva qu'elle va rentrer chez elle. Connaissant Eva, elle sait d'avance aussi que celle-ci va désapprouver son plan et la dissuader. Elle le garde donc secret et poursuit :

- Le pire, c'est Dan.

- Dan ? Qu'est-ce qu'il a fait ?

- Après l'entretien avec le doyen, j'étais très mal. Je l'ai appelé, j'avais besoin d'un peu de réconfort. Il n'a même pas pris le temps de m'écouter. Il m'a dit qu'il avait une réunion et qu'il me rappellerai mais il n'a jamais rappelé.

- Il est pas possible, ce mec. Il a vraiment bien choisi son jour pour t'envoyer bouler.

- Il va sûrement se pointer là à 19 heures. Je ne descendrai pas, je n'ai pas envie de le voir ce soir, tu pourras descendre et le lui dire ?

- Ok, y a pas de soucis.

- Merci.

Eva veut bien le faire car elle ne trouve pas de mot pour encourager son amie dans cette épreuve. Elle n'aurait pas pensé qu'une chose pareille aurait pu lui arriver. Elle était avec Kalysse toute la journée, elle avait vu Kalysse subir les attaques de Solène, elle avait vu la pétition avec le 7 sur 20 de Kalysse en pièce jointe. Eva se disait que c'était trop pour une journée, trop pour une seule personne. Kalysse prépare son sac comme si elle allait se rendre le lendemain chez ses parents. Elle dit à Eva de ne pas l'appeler pendant la semaine prétextant qu'elle a besoin de réfléchir et de faire le point. Eva lui promet mais elle lui propose quand même de lui envoyer tous les cours car elle tient vraiment à retrouver son amie au meilleur de sa forme lundi.

19 heures, Eva descend et explique à Dan que Kalysse va très mal et qu'elle ne veut pas le voir. Pour qu'il comprenne, elle lui fait un résumé de la triste journée que celle-ci venait de vivre.

- Quoi ! Kalysse a été exclue ? reprend Dan frappé de stupeur.

Dan n'en revient pas, il tombe des nues. Il comprend mieux maintenant pourquoi Kalysse l'avait appelé en urgence tout à l'heure. Il n'avait même pas pris la peine de la rappeler. Il le regrette. Il se rend compte que si Kalysse ne veut pas le voir et s'il ne la voit plus de la semaine, ça voudra dire que c'est fini entre eux. Il est totalement désespéré, il ne sait pas comment réagir, pleurer ou crier, il proteste :

- Ce n'est pas possible ! Il faut que je la vois, il faut que lui parle !

- Elle ne veut pas te voir, Dan. Elle n'est pas bien du tout, tu peux comprendre !

- Je comprends mais je veux lui parler, appelle-la !

- Appelle-la toi-même !

- Elle ne me répondra pas ! Je n'étais pas là pour elle tout à l'heure ! Elle m'en veut, j'en suis sûre.

Eva voyant l'affliction sincère et profonde de Dan, appelle Kalysse.

- Kalysse, je suis avec Dan. Il insiste pour te parler.

- Dis-lui que moi, je n'ai pas envie de lui parler.

Dan entend les mots de Kalysse et lance à Eva :

- Dis-lui si elle ne descend pas, je vais squatter là toute la nuit et je finirai par la voir aujourd'hui ou demain.

Kalysse l'entend, sachant à quel point il est obstiné, elle sait qu'il est capable de rester planter là toute la nuit. Elle finit donc par céder :

- J'ai entendu. Je descends.

Kalysse descend. Elle remercie Eva et lui dit qu'elle peut remonter.

Dan la regarde, elle a les yeux rouges et gonflés, le regard triste. Il ne sait plus quoi dire, un fort sentiment de culpabilité l'envahit le privant un instant de toute parole et de tout raisonnement logique. Kalysse n'ose pas le regarder, elle sait qu'elle lui en veut mais elle n'arrive pas à exprimer ce qu'elle ressent. Ils ne se disent rien pendant un moment. Kalysse finit par lui dire :

- Si tu n'as rien à me dire, je remonte.

- Je suis désolé, Kalysse, je suis vraiment désolé.

En entendant la voix tremblante de Dan, Kalysse est émue, elle sait qu'il est sincère et qu'il regrette profondément ce qui lui arrive. Elle sait qu'elle devrait lui dire : "Ce n'est pas de ta faute, je ne t'en veux pas." Mais ça ne sort pas. Une partie d'elle lui en veut toujours.

- Eva a dû te dire que je suis exclue pour quelques jours. Je vais en profiter pour réfléchir à ma vie. Je me sens un peu perdue en ce moment. Je ne souhaite pas que tu m'appelles. J'ai vraiment besoin de faire le point.

Dan sent qu'il est en train de perdre Kalysse, il est mortifié. Il n'arrive pas à le croire. C'est comme s'il était en train de sombrer. Dans un dernier élan pour garder la tête hors de l'eau, il dit :

- Je ne veux pas te perdre, Kalysse. Si tu ne veux pas que je t'appelle, je ne t'appellerais pas mais permets moi au moins de t'envoyer des messages.

Kalysse le regarde, hésite et répond :

- Ok, si tu veux mais je ne te promets pas d'y répondre.

Dan hoche la tête pour acquiescer. Il espère que ce n'est pas perdu et qu'il pourra la reconquérir. Il a tellement envie de la prendre dans ses bras et de la serrer très fort.

Kalysse même si elle veut jouer aux dures, voit bien que Dan est très malheureux de cette situation. Elle ne sait pas si elle doit lui donner un espoir ou pas, elle ne sait vraiment plus où elle en est.

- Je vais remonter. Je suis fatiguée, j'ai eu une journée très difficile et demain, je dois partir tôt.

- Je comprends, je ne vais pas te retenir plus longtemps. Je sais que tu m'en veux et j'aimerais tant tout effacer et revenir en arrière... Je suis désolé, vraiment, vraiment désolé.

Dan voulait lui dire qu'il l'aimait et qu'il l'attendrait avec l'espoir qu'elle veuille lui redonner une chance, mais il sentait que ce n'était pas le moment. Kalysse allait mal et ça se voyait qu'elle lui en voulait pour tous ses malheurs.

Kalysse regarde Dan, malgré tout son ressentiment, elle le trouve si touchant qu'elle a envie de l'embrasser. Elle constate qu'elle est toujours attirée par lui. Mais elle a pris sa décision, elle partira seule. Alors qu'elle se retourne pour rentrer, Dan attrape sa main et la serre un court instant dans la sienne en lui disant :

- Je t'attendrai, Kalysse.

Kalysse lui donne pour seule réponse, un regard ni doux, ni dur, c'est en fait un mélange des deux sur un fond de tristesse. Elle entre dans la résidence en refermant la porte derrière elle.

Bouleversé et anxieux, Dan rentre chez lui se demandant avec angoisse si cette soirée marquerait la fin du premier chapitre de leur histoire ou la fin tout court de cette histoire à peine commencée.

30 décembre 2021

32 - Un lundi noir interminable

Kalysse se retrouve face à une grande porte en bois fermée ornée d'une plaque noire sur laquelle est écrit en lettres dorées, bureau du doyen. Hésitante, elle a peur, elle a le cœur qui bat très fort. Elle n'a même pas le temps de frapper que la porte s'ouvre devant elle en coulissant vers la gauche. Soudain, une voix se fait entendre :

- Entrez, Mademoiselle MAKORIRO, je vous attendais.

Kalysse pénètre dans le bureau. Elle fait à peine deux pas que la porte se ferme automatiquement derrière elle. Kalysse reste debout, immobile. C'est la première fois qu'elle est convoquée dans le bureau du doyen. Elle découvre donc une vaste pièce lumineuse presque vide. Seul un grand bureau noir trône en plein milieu sur lequel il y a un grand écran d'ordinateur posé sur la droite. Devant ce bureau, deux fauteuils en cuir blanc, et derrière sur le mur, un grand écran pour les projections. Le bureau est propre et brillant tellement que ça ressemble à un cliché pour catalogues de mobiliers design. Assis dans un fauteuil de ministre qui a l'air un peu trop grand pour lui, le doyen, Monsieur Raphaël TIOCCI, un homme blanc d'une cinquantaine d'années complètement chauve. Il porte un costume gris sombre et des petites lunettes rectangulaires. Sa fonction et le fait qu'il représente l'autorité à ESIRA suscitent d'office le respect. Il n'a pas l'air sévère, ni d'être quelqu'un de dur mais à cet instant précis, il inspirait à Kalysse de la crainte, une crainte justifiée par tout ce qui venait de lui arriver.

- Vous pouvez vous asseoir, lui dit-il.

Kalysse n'a pas du tout envie de s'asseoir mais elle obéit, sentant qu'elle n'avait pas vraiment le choix.

Le doyen la regarde avec un rictus contracté en gage de sourire et lui demande :

- Savez-vous pourquoi je vous ai convoquée aujourd'hui ?

Kalysse fait une grimace et lui répond :

- C'est sûrement à cause de ma note en astrophysique.

- 7 sur 20, oui j'ai appris ça et c'est vrai que ça ne joue malheureusement pas en votre faveur.

Il s'arrête, penche la tête, puis reprend en la regardant dans les yeux très sérieusement :

- Non, ce n'est pas pour cette note que je vous ai demandé de venir aujourd'hui. C'est fâcheux, il est vrai mais c'est pour tout autre chose. Vous avez, je le crois, signer le règlement intérieur d'ESIRA le jour de votre inscription dans notre école. Cette signature vous engage à respecter tous les articles de notre règlement intérieur, n'est-ce pas ?

- Oui, Monsieur.

- Très bien. Notre service de sécurité m'a transmis cette vidéo la semaine dernière.

Sur le grand écran derrière lui, apparaît alors une vidéo assez sombre sur laquelle on y voit Kalysse et Dan en train de sortir d'ESIRA par le portail coulissant derrière le bâtiment de la réserve.

Kalysse est en état de choc, elle a l'impression que le sol est en train de se dérober sous ses pieds. Elle pose machinalement sa main sur son front comme pour se retenir de chuter, de s'écraser sur le sol. Elle regarde ces images. Elle voit Dan à ses côtés sur cette vidéo. Elle se souvient très bien de cette première soirée avec lui, de son hésitation à sortir de l'enceinte d'ESIRA, du sourire de Dan qui l'avait convaincue. Jamais, elle n'aurait cru qu'elle avait été filmée ce soir-là. Tout d'un coup, sa note, Solène et tout ce qu'elle avait subi aujourd'hui semblaient si ridicules à côté de ce qu'elle est en train de vivre à cet instant. Elle reste là sans voix.

Le doyen lui demande alors :

- Vous pouvez me confirmer qu'il s'agit bien de vous ?

- Oui, acquiesce-t-elle dans un souffle.

- Sortir d'ESIRA en pleine semaine est interdit. Vous l'aviez peut-être oublié mais pas moi. Je suis au regret de vous dire que vous allez être exclue pour le reste de la semaine.

- Exclue ?

- Oui. Ce n'est pas une exclusion définitive mais je l'espère que ce temps que vous allez passer loin d'ESIRA sera mis à profit et qu'il vous permettra de réfléchir à la suite que vous souhaitez donner à vos études ici. Avec votre 7 sur 20 en astrophysique et l'analyse de vos pointages, il est juste de dire que vous connaissez une période tumultueuse. Je ne vous empêche pas de vivre vos petites histoires d'amour, c'est de votre âge après tout. Vous avez vos week-end pour ça mais à ESIRA, c'est le travail qui doit passer avant tout. Si vous souhaitez vivre une adolescence normale, il y a l'université et d'autres bonnes écoles tout à fait normales qui seront ravies de vous accueillir. C'est à vous de choisir, Mademoiselle MAKORIRO. La balle est dans votre camp.

Kalysse écoute mais son esprit est resté bloqué sur le mot "exclue". "Ce n'est plus un cauchemar là, c'est le sort qui s'acharne sur moi", pense-t-elle.

Le doyen poursuit :

- Monsieur PERRAULT que j'ai reconnu sur la vidéo est donc votre petit ami. Je suis surpris de voir que c'est lui qui vous a entraînée en dehors d'ESIRA, c'était un étudiant tout à fait brillant. Contrairement à vous, il ne sera pas sanctionné. Il n'est plus soumis à notre règlement intérieur… Avant que j'oublie, une pétition circule actuellement sur le réseau d'ESIRA pour demander votre exclusion définitive, n'y portez aucune attention. Les exclusions et les sanctions ne sont pas l'affaire des élèves. Le harcèlement n'a pas sa place à ESIRA. Ce comportement est intolérable et l'auteur de ces agissements sera sanctionné très sévèrement.

Après un temps de silence, il demande :

- Avez-vous quelque chose à dire, avant que je vous libère ?

En d'autres circonstances, Kalysse aurait eu plein d'arguments, plein d'excuses, un vrai plaidoyer mais là, elle était prise au dépourvue, complètement assommée, abasourdie, elle reste interdite. Aucun mot ne sort de sa bouche à part :

- Non.

Le doyen lui tend alors un courrier papier.

- Voici ce courrier notifiant à ce jour la décision de votre exclusion temporaire pour vos parents. J'imagine qu'ils vont être très déçus.

Kalysse prend le courrier et en pensant à ses parents, elle craque, les larmes se mettent à couler le long de ses joues. Elle les essuie du revers de la main.

Le doyen la raccompagne à la porte et lui souhaite :

- Bon courage et bonne réflexion à vous !

Kalysse sort et elle court à toute vitesse vers sa résidence en pleurant toutes les larmes de son corps.

20 décembre 2021

31- Lundi noir (suite)

Solène arrive devant Kalysse avec un grand sourire sur les lèvres et lui demande :

- Alors Kalysse, tu ne manges pas ? Tu n'as pas faim ?

- S'il te plaît, Solène, je suis pas d'humeur là !

- Oh, mais qu'est-ce qui peut te mettre de mauvaise humeur ? C'est peut-être la remarque du prof de maths ce matin ?... Non, c'est sûrement à cause de ta super note en astrophysique... 7 sur 20, c'est ça ?

Kalysse est consternée, atterrée, comment Solène avait-elle fait pour connaître sa note ? Elle est comme paralysée, bloquée. Elle ne peut plus rien lui répondre, elle reste sans voix.
Solène reprend :

- Alors, surprise ? Tout le monde est au courant ! D'ailleurs, laisse-moi t'apprendre qu'une pétition tourne actuellement sur le réseau d'ESIRA pour demander ton exclusion définitive de l'école !

- Tu racontes n'importe quoi ! Laisse-moi tranquille !

- Tu ne me crois pas, regarde par toi-même !

Solène met sa tablette sous les yeux de Kalysse, celle-ci regarde et n'en croit pas ses yeux, elle voit en effet son devoir et un message en dessous demandant son exclusion définitive d'ESIRA. Le message est anonyme.

- C'est toi qui as fait ça, Solène ? Comment as-tu pu ? lui crie Kalysse complétement dévastée par ce qu'elle venait de découvrir.

Ce que Kalysse ignorait c'est que Solène avait remarqué qu'elle était restée avec la prof dans la salle après le cours, ce qui a eu pour conséquence d'attiser sa curiosité. Elle voulait à tout prix savoir pourquoi Kalysse était restée avec la prof et quelle note elle avait eue. Elle est, donc, allée trouver Hugo, un crac en informatique pour lui demander de hacker la messagerie de Kalysse afin d'avoir accès à sa note. Hugo l'a fait mais à contrecœur. S'il refusait, Solène menaçait de le dénoncer au doyen pour des actes de piratage dont il était l'auteur. Quand ils ont découvert que Kalysse avait eu 7, Solène a, tout de suite, sauté au plafond. Elle a lancé une copie-écran du devoir de Kalysse sur le réseau des élèves et une pétition pour que Kalysse soit exclue d'ESIRA.


En état de choc, Kalysse ne sait plus quoi faire, s'énerver ou pleurer. Elle a envie de prendre la tablette de Solène et la frapper avec, mais elle en est incapable, elle reste immobile, inerte.

Face au visage décomposé de Kalysse, Solène exulte et poursuit de plus belle :

- Kalysse, regarde ce matin, tu n'écoutais même pas en cours. Avec ton 7 en astrophysique, la matière la plus importante de notre spécialité, tu fais baisser la moyenne de la classe ! Tu nous fous la honte. Arrêtons ici les dégâts, Kalysse...

Kalysse se bouche les oreilles, mais elle l'entend toujours. C'est pire que le croassement d'un corbeau au-dessus d'une charogne. Elle n'en peut plus de l'écouter, elle n'a qu'une seule envie : l'étrangler pour qu'elle s'arrête. Désemparée et impuissante, Kalysse lui crie :

- Fous-moi la paix, Solène ! Fous-moi la paix !

Mais celle-ci continue avec des mots de plus en plus méprisants :

- Rassures-toi, Kalysse. Tu n'auras plus à me supporter longtemps. Je l'ai signée cette pétition et j'en connais d'autres qui l'ont signée aussi. Tu pourras bientôt retourner dans ton trou... Quel bonheur !

Soudain, la voix d'un garçon se fait entendre derrière elles :

- Qu'est-ce qui se passe ici ?

C'est Charles, il a vu circuler la pétition sur le réseau, et il a, tout de suite, accouru pour voir Kalysse. En voyant Solène et sa bande en train de lyncher Kalysse, son sang n'a fait qu'un tour. S'adressant à Solène, il lui dit :

- Solène, c'est donc, toi qui es à la tête de tout ça. Tu n'as vraiment rien d'autre à faire dans ta vie que de pourrir celle des autres !

- Charles qui joue au chevalier servant, comme c'est touchant, ironise Solène. Arrêtes de faire ton numéro à deux balles. Tout le monde sait que si tu défends Kalysse, c'est uniquement parce que tu veux te la faire !

- Tu peux essayer de me discréditer tant que tu veux, vas-y ! Ça ne justifie en rien ce que tu es en train de faire. Je peux te l'assurer, je vais faire remonter tout ça et tu vas t'en mordre les doigts !

- Charles, arrêtes de faire ton hypocrite. Je te connais depuis longtemps. Avant c'était toi qui te moquais des mauvais élèves et maintenant, tu te prends pour leur défenseur. Personne n'est dupe !

- Je me fous de ce que tu penses. J'étais peut-être comme ça avant, c'est vrai, mais j'étais con. Et heureusement que j'ai changé. Ce que tu fais Solène, c'est minable ! C'est nul de s'attaquer ainsi à quelqu'un qui ne t'a rien fait ! A ta place, j'aurais honte !

- Tu as vraiment changé, Charles. Certes, tu n'es peut-être plus con, mais tu es devenu bête. Tu défends cette pauvre idiote de Kalysse, alors qu'elle a déjà un mec et elle ne le quittera pas pour toi ! Elle n'a rien à foutre de toi !

- Ça, c'est mon problème, c'est ma vie, ça ne te regarde pas ! Va-t'en Solène ! Fous-nous la paix ! Va faire ta vie... si tu en as une.

Solène blessée par les mots de Charles, le regarde avec colère et violence sans rien répondre et s'en va. Aussitôt, tout le petit groupe se disperse et bientôt, il ne reste plus que Charles et Kalysse.

Eva et Alex ont observé la scène de loin. Eva voulait intervenir, elle aussi, mais en voyant Charles défendre Kalysse, elle est restée à l'observer. Il était comme un lion rugissant avec force et puissance pour éloigner cette meute de hyènes affamées, il le faisait avec tant d'énergie et d'ardeur que c'en était beau. Eva comprit à cet instant pourquoi Kalysse avait du mal à l'oublier, pourquoi elle lui avait si vite pardonné. "Kalysse avait raison, il n'était peut-être pas celui que je pensais", se dit Eva. Elle regarde Alex et lui propose : "Laissons-les tous les deux." Alex  fier de son meilleur ami, acquiesce en souriant.

Charles est heureux et soulagé d'avoir pu éloigner ce petit groupe de Kalysse. Il se tourne vers elle, s'assoit sur le banc près d'elle et lui demande en souriant :

- Ça va ?

- Oui, lui répond Kalysse, Merci Charles !

- De rien. Cette Solène, elle est vraiment insupportable ! Jamais je ne l'aurai cru capable de faire un truc pareil.

- Oh, oui ! Elle est toujours à me chercher des problèmes. Elle veut que je quitte ESIRA, c'est clair maintenant. Elle me déteste, pourtant, je lui ai rien fait. Toi, tu la connais depuis longtemps, on dirait ?

- Au lycée, elle a toujours été dans ma classe. Elle voulait sortir avec moi mais je n'ai jamais voulu.

Kalysse comprend alors pourquoi Solène la déteste autant et avec l'intervention de Charles aujourd'hui, elle sent que ça va aller en s'empirant. Charles poursuit :

- Je vais la dénoncer, elle n'a pas le droit d'utiliser le réseau pour envoyer des messages pareils et te harceler comme ça. Ne t'inquiète pas, je vais le faire remonter et elle va payer pour ce qu'elle t'a fait.

Kalysse remercie Charles. Mais, à la fois bouleversée et secouée par tous ces évènements, elle se sent à bout de force, elle est fatiguée, si fatiguée qu'elle penche alors machinalement sa tête sur l'épaule de Charles.

Charles est agréablement surpris de voir Kalysse si proche de lui. Il voudrait la serrer fort dans ses bras, il la sent si fragile en cet instant mais il sait que cela serait mal interprété et il se retient. Ils restent comme ça sans rien dire pendant un long moment. Un moment d'une extrême douceur dans une journée si chaotique, comme un instant d'éternité, de ceux qu'on garde figer dans notre mémoire à tout jamais... La sonnerie qui retentit, les ramène à une réalité plus dure. Kalysse se lève, regarde Charles et le remercie encore :

- Merci Charles, merci encore. Je ne sais pas dans quel état je serai si tu n'étais pas intervenu. Je serai peut-être partie en larmes.

- Tu n'as pas à me remercier. J'ai un peu réagi au quart de tour, les voir comme ça autour de toi m'a mis hors de moi.

Kalysse sourit. Voyant la prof d'anglais entrer dans la salle, Charles dit à Kalysse :

- Je te souhaite de faire un très bon exposé. Je sais que tu vas déchirer.

- Merci, lui répond Kalysse en souriant.

Il se lève, lui sourit et s'en va.

Kalysse se dirige vers la porte de la classe. En la voyant entrer dans la salle, la prof d'anglais lui dit :

- Kalysse, vous êtes aujourd'hui dispensée de cours d'anglais, le doyen veut vous voir.

- Mais, l'exposé ?

- Vous ferez votre exposé un autre jour, vous êtes attendu tout de suite, allez-y.

Kalysse a une boule dans la gorge et se demande avec inquiétude pourquoi le doyen veut la voir. Elle croise Eva et elle lui dit que le doyen l'attend. Eva est surprise. Kalysse l'est tout autant mais elle ne peut s'attarder plus longtemps avec elle, lui expliquand qu'elle doit y aller maintenant. C'est, donc, avec la peur au ventre qu'elle se rend au dernier étage d'ESIRA.

16 décembre 2021

30- Lundi noir

On est lundi matin, il fait beau, le soleil brille, pas un nuage à l'horizon. "C'est une journée idéale pour aller à la plage," pense Kalysse en se dirigeant avec Eva vers la salle de cours.

En cours de maths, Kalysse n'est pas concentrée, elle trouve le cours ennuyeux, elle laisse son esprit vagabonder. Elle pense à Dan, à leur dîner d'hier avec Eva et Alex et à cette manière qu'il a de se coller à elle quand il la prend dans ses bras, rien que d'y repenser, ça lui fait comme des papillons dans le ventre… Tout d'un coup, elle entend son prénom résonner. C'est le professeur qui l'interroge en la fixant avec de grands yeux :

- Kalysse, pouvez-vous nous dire comment vous avez procédé pour résoudre l'exercice ?

Kalysse est perdue, elle ne sait même pas de quel exercice il parle. Elle n'a rien suivi. Troublée, elle tente tout de même une réponse honnête :

- Je n'ai pas eu le temps de faire l'exercice.

- Ce n'est pas grave, on va le faire ensemble.

- Euh... Excusez-moi, on est à quel exercice déjà ? 

- Décidément, on voit que le cours de maths vous passionne aujourd'hui ! lance le professeur de maths sur un ton sarcastique.

Toute la classe rigole.

- Y a t-il quelqu'un qui peut dire à Kalysse à quel exercice nous étions et nous détailler le calcul ? demande le professeur

Et tout de suite, Solène lève sa main bien haut. Elle lit l'énoncé de l'exercice en question (le N°5) et procède au calcul pour arriver au résultat attendu.

Le professeur la félicite :

- Merci Solène ! Belle démonstration, Bravo ! Kalysse, vous devriez prendre exemple sur votre camarade au lieu de rêver en classe !

Solène se tourne vers Kalysse pour la narguer avec son air supérieur et un sourire triomphal.

Kalysse n'est pas fière, surtout quand elle voit Solène qui jubile ainsi, elle a vraiment honte. Même Eva la regarde en fronçant les sourcils. Kalysse a envie de se faire toute petite et disparaître de la surface de la Terre.

Mais son lundi noir ne fait que commencer. La deuxième heure arrive, c'est l'heure tant redoutée par Kalysse, celle de la remise des notes du dernier devoir d'astrophysique. La prof entre dans la salle, elle envoie tous les devoirs corrigés sur leur messagerie et chaque élève decouvre alors sa note.

Kalysse voit le nouveau message s'afficher sur sa tablette, elle n'est pas pressée de l'ouvrir. Elle regarde tous les autres élèves autour d'elle, ils sourient. Eva est toute joyeuse, elle se tourne vers Kalysse et lui dit qu'elle a eu 15. Elle demande à Kalysse sa note, celle-ci hausse les épaules avant de se remettre sur sa tablette. Elle ouvre le mail. Le devoir s'affiche avec en haut écrit en gras et en rouge : 7 sur 20. C'est la plus mauvaise note qu'elle a eue depuis qu'elle est à ESIRA. C'est l'horreur pour une élève comme Kalysse habituée à avoir de bonnes notes, mais au fond, elle s'y attendait tellement qu'elle n'est ni déçue, ni triste. Elle referme tout de suite le mail espérant que personne n'a zieuté sur sa tablette. Eva relance discrètement Kalysse, cette dernière lui répond par une mine triste lui confirmant que cette fois-ci elle l'avait bien raté. Kalysse se promet à elle-même de rattrapper cette note dès le prochain devoir.

Cette fois, elle suit le cours avec sérieux et concentration. Quand la sonnerie retentit pour la pause déjeuner, Kalysse se lève pour sortir. Mais, quand elle passe devant le bureau de la prof, celle-ci demande à lui parler. Kalysse rattrappe Eva lui disant qu'il n'est pas nécessaire qu'elle l'attende pour aller déjeuner car la prof veut lui parler. Eva comprend que cet entretien n'augure rien de bon pour Kalysse, elle tente un sourire d'encouragement mais Kalysse lui répond par une grimace de stress.

Kalysse se retrouve donc seule dans la salle avec la prof qui lui annonce tout de suite la couleur :

- Kalysse, tu as eu un 7 sur 20. Je t'ai mis cette note mais je ne suis pas sûre de la vraie valeur à donner à un tel devoir. Pour un élève d'ESIRA, ce devoir est nul. Excuse-moi si mes mots te choquent mais il faut parler franchement. Si on ambitionne, et je pense que c'est ton cas de devenir ingénieur aérospatiale, tu ne peux pas te permettre d'être nulle en astrophysique, ce n'est pas possible. Il est vrai que je te connais que depuis un mois, j'ai vu qu'avec le professeur Karanoff, tu avais de bonnes notes et il ne tarissait pas d'éloge sur toi. Moi, je ne sais que penser, à mon premier devoir, tu as 7, est-ce que le professeur Karanoff mentait ou se trompait sur toi ? Tu peux me dire ce qu'il en est ?

En écoutant, toutes les critiques de la prof, Kalysse sent les larmes lui monter aux yeux, elle les retient et répond :

- Non, il ne mentait pas. J'ai toujours travaillé en astrophysique. J'ai eu un problème, un imprévu avant le devoir. Je n'ai pas pu me concentrer sur mes révisions. Je vous le promets, ça n'arrivera plus. Je vous le promets...

- Je n'ai pas besoin de promesse, je veux des résultats et surtout de bons résultats. Il y aura un autre devoir la semaine prochaine, je compte sur toi.

- Oui, je ferai tout pour me rattraper. C'est mon seul objectif.

- Je t'ai dit ce que j'avais à te dire, tu peux sortir maintenant.

Kalysse sort de la classe en pressant le pas, elle ne peut plus retenir ses larmes, elle pleure. Elle se dirige machinalement vers les toilettes où elle veut se cacher, se terrer jusqu'à ce que ça passe. Jamais une remarque d'un professeur ne lui avait fait aussi mal. Le mot "Nul" résonne dans sa tête. Après la remarque du prof de maths et maintenant, celle de la prof d'astrophysique, elle est comme dans un cauchemard dont elle ne peut malheureusement pas se réveiller. Elle a l'impression de toucher le fond. Elle reste un moment là à pleurer sur son pauvre sort. Puis, elle finit par essuyer ses larmes et trouver le courage de sortir. Elle se dit qu'elle va tout faire pour faire un très bon exposé d'anglais, ça lui permettra de finir sa journée sur une bonne note.

Comme elle n'a pas faim, elle se rend directement devant la salle. Elle a à peine le temps de s'asseoir sur le banc qu'elle voit Solène et sa petite bande s'avancer vers elle. "Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle-là ?" se demande Kalysse qui aurait bien resté seule et tranquille.

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9 décembre 2021

29- Première soirée avec les amis de Kalysse

Une fois, sur place, ils constatent que l'endroit est quasi désert, presque mort. Beaucoup d'étudiants ne sont pas encore rentrés. Seules deux tables sont occupées en terrasse. Dan qui n'avait pas envie de tomber sur des membres de l'équipe de rugby ou autres connaissances, est content de trouver la cafète vide et inanimée. Chacun commande sa boisson. Puis, ils prennent place à une table à l'intérieur. Personne n'ose prendre la parole en premier, un moment de gêne s'installe. Ne voulant prolonger plus longtemps ce silence de plus en plus pesant, Eva s'adresse alors à Dan:

- Dan, Kalysse m'a dit que tu avais fini tes études l'an dernier, alors ça fait quoi d'en avoir fini avec ESIRA ?

- J'en ai pas vraiment fini car j'y habite toujours. Mais je peux te dire que je suis bien content d'en avoir fini avec tous ces cours théoriques. J'ai toujours préféré la pratique.

- Oui, Kalysse m'a dit que tu es ingénieur au centre spatial aujourd'hui. Il consiste en quoi ton boulot ?

Dan ne s'attendait pas à cet interrogatoire mais il se prête volontiers au jeu. Il leur explique qu'il est ingénieur Opérations. Il participe à l'organisation de chaque lancement en procédant à la vérification des mesures et de tous les points de contrôle spécifiés dans les procédures et les protocoles de sécurité. Il précise qu'il ne travaille pas seul mais qu'il bosse avec une équipe d'ingénieurs et de techniciens.

Kalysse l'écoute, elle apprend en même temps que ses amis en quoi consiste son poste à la base de lancement. Elle se rend compte qu'elle ne lui avait jamais posé la question, et que d'ailleurs, le plus souvent, c'était elle qui parlait et lui qui l'écoutait. Eva et Alex sont impressionnés. Eva lui demande :

- Le centre spatial, c'est hyper sécurisé, toi, tu as accès à tout ?

Un peu surpris par cette question, Dan sourit :

- Oui, j'ai accès à tout.

- Waouh ! Tu as donc un badge qui te permet d'aller partout, comme les PASS VIP. C'est génial !

- J'ai un badge en effet.

- Je pourrais voir ton badge, j'ai très envie de voir à quoi ça ressemble, lui demande Eva.

- Fais gaffe ! Elle pourrait te le voler ! lui dit Kalysse pour rire.

Dan sort de la poche intérieure de son blouson le badge en question et le donne à Eva.

Celle-ci le regarde avec beaucoup d'attention. Kalysse en profite pour la zieuter en même temps qu'Eva. Elle ne l'avait jamais vu et ça ne lui serait pas venu à l'esprit de demander à Dan de la lui montrer. Contrairement à ce qu'elles pouvaient penser, le fameux badge a l'apparence d'un badge magnétique blanc tout simple avec le logo du centre spatial à gauche, une photo de Dan dans le coin en haut à droite, avec en dessous : son nom, son matricule, sa fonction et le niveau de sécurité N°1. Sur la photo, Dan est très sérieux, visage neutre, sans sourire avec un regard dur, il a un côté ténébreux que Kalysse trouve très séduisant.

Eva regarde Dan et s'exclame :

- Ce serait chouette si tu pouvais nous faire une petite visite privée !

- Impossible, n'y compte même pas, lui répond Dan catégorique. Le centre spatial est sûrement l'endroit le plus sécurisé de France. Des dispositifs de reconnaissance faciale sont placés à chaque entrée et c'est sous surveillance 24 heures sur 24 avec des caméras et des militaires un peu partout.

- Ouh ! ça craint ! soupire Eva en tendant le badge à Alex pour qu'il puisse le voir à son tour. Ce dernier l'examine et surpris, il demande à Dan :

- C'est toi, Dany Perrault qui avait été sélectionné pour devenir astronaute l'an dernier ?

Dan lève les yeux vers Alex. Il est stupéfait, il ne pensait pas qu'Alex avait entendu parler de cette sélection. Les filles regardent Dan.

Il répond :

- Oui, c'est bien moi. Je suis arrivé jusqu'à la dernière phase de recrutement mais je n'ai pas été retenu.

- Eh ben ça alors ! s'écrie Eva admirative.

- Tu ne m'avais jamais dit ça, lui fait remarquer Kalysse abasourdie par ce qu'elle venait d'apprendre.

- Comme ça s'est soldé par un échec, je ne voyais pas l'intérêt de t'en parler, lui répond Dan.

- Tu as dû être vachement déçu d'être allé si loin et de ne pas avoir été retenu ? lui demande Alex.

- Oh, ça oui ! J'étais à deux doigts de toucher à mon rêve. J'y ai cru jusqu'au bout.

Kalysse regarde Dan, elle peut lire encore la déception sur son visage. Elle sait bien que devenir astronaute, ce n'est pas qu'un rêve pour Dan, c'est toute sa vie. Elle se dit qu'il a dû beaucoup souffrir de cette désillusion.
Eva demande à Alex :

- Comment tu as appris ça, toi ? A ESIRA, on n'a jamais entendu parler de Dan et de ce recrutement.

- C'est Charles qui m'en a parlé à l'époque. Tu sais, avec son père dans le conseil d'administration, il est au courant de tout. Il m'avait dit que Dan était le seul étudiant d'ESIRA à avoir atteint ce niveau de sélection, le conseil comptait beaucoup sur ce recrutement pour faire une belle publicité pour notre école. Mais, tant qu'ils n'étaient pas sûr que Dan soit recruté, ils ont choisi de ne pas diffuser l'info.

Dan se dit qu'Alex était vraiment bien renseigné. Il confirme :

- Oui, c'est tout à fait ça. A chaque fois que je réussissais une étape du recrutement, j'avais droit au champagne et au buffet gastronomique avec tous les membres du conseil d'administration d'ESIRA. Toute cette effervescence autour de moi ! Fallait le voir pour le croire ! J'étais comme dans un ascenseur émotionnel, ça montait, ça montait… C'était fou ! Je pense aujourd'hui que c'était trop car ça a rendu la chute encore plus douloureuse pour moi. J'ai eu beaucoup de mal à encaisser cet échec.

Kalysse et ses deux amis écoutaient avec beaucoup d'attention Dan. Ils partageaient tous sa déception et ne savaient plus quoi dire. Dan se tourne alors vers Kalysse et lui demande :

- Le Charles dont parle Alex, c'est le même Charles que tu m'as présenté, celui avec qui tu as travaillé ton exposé ?

Eva et Alex se regardent surpris tous les deux de savoir que Kalysse avait présenté Charles à Dan. Kalysse, un peu gênée répond :

- Oui, c'est le même Charles. C'est le meilleur ami d'Alex.

Alex un peu embarrassé d'avoir parlé de Charles sachant l'intérêt de celui-ci pour Kalysse. Il essaie de rattraper le coup en changeant de sujet :

- Parles-nous du recrutement, comment ça se passe ?

Dan leur explique en détail toutes les étapes du recrutement qu'il a passées, du long questionnaire à remplir, en passant par les tests psychotechniques, les tests d'effort et de résistance musculaire, les exercices de groupe, les examens médicaux, les entretiens individuels devant des psychologues et des professionnels, jusqu'à l'entretien final avec le directeur général de l'ESA.

Alex est sidéré :
- Eh bien ça en fait des étapes ! Je comprends pourquoi tu disais que tu étais à deux doigts de devenir astronaute. Pourquoi ils t'ont recalé ?
- Je pense que c'est à cause de l'âge, j'étais le plus jeune des sélectionnés. Je n'ai jamais vraiment su. Ils m'ont juste dit que les cinq qui ont été retenu correspondaient mieux au profil recherché. Comme ils étaient tous plus âgés que moi, j'ai supposé que c'était l'âge.

- C'est nul… Mais ce n'est que partie remise pour toi. Tu pourras retenter la prochaine sélection, lui dit Alex pour l'encourager.

- Ce n'est que dans trois ans. D'ici là, il y aura des candidats encore mieux préparés et des nouveaux diplômés d'ESIRA comme vous qui viendront me faire concurrence.

Alex sourit et lui répond :

- Tu m'as vu, je crois pas qu'il voudrait d'un maigrichon comme moi à l'ESA. Je ne suis même pas sportif en plus, c'est mort.

- Ne dis pas ça ! Au départ, je n'étais pas du tout comme ça. J'étais maigre et frêle. Quand j'ai décidé de me lancer sérieusement, je me suis mis au sport et je me suis beaucoup entraîné. Je t'assure, si tu commences à t'entraîner dès aujourd'hui, d'ici trois ans, tu pourras passer sans problème tous leurs tests.

- C'est vrai ? demande Alex un peu perplexe.

- Je te promets ! lui répond Dan en le regardant dans les yeux très sérieusement.

Eva s'insurge :

- Alex, ne me dit pas que toi aussi, tu veux devenir astronaute?

Alex ne s'attendait pas à cette réaction d'Eva, qui n'a pas l'air très enchanté qu'il s'intéresse autant au métier d'astronaute. Il la rassure tout de suite :

- C'est par simple curiosité. Moi, je ne sais pas vraiment ce que je veux faire dans la vie. Astronaute, c'est un beau métier mais je n'ai jamais rêvé d'aller dans l'espace. Je préfère laisser la place à ce qu'ils le veulent vraiment.

- C'est tout à ton honneur ! lui répond Dan. Mais, pourquoi tu as choisi de faire tes études à ESIRA, alors ?

- Après le bac, je ne savais pas quelle branche choisir, Charles lui savait depuis longtemps qu'il allait venir à ESIRA, j'ai choisi de le suivre et j'ai passé avec lui la sélection pour venir ici. Je ne regrette pas mon choix et encore moins, depuis que j'ai rencontré la plus jolie fille du monde, dit-il en regardant Eva avec un sourire qui voulaient tout dire.

Cette dernière rougit. Les heures ayant filées très vite, Alex propose aux autres de rester dîner ici.

Dan et Kalysse sont d'accord. Ils commandent et poursuivent leurs discussions. Cette fois, c'est Dan qui se met à poser des questions à Alex. Il lui demande s'il vient de métropole lui aussi.
Ce dernier leur explique alors qu'il n'a jamais vraiment eu de domicile fixe. Il a toujours bougé depuis tout petit. Sa famille est à la tête d'un grand groupe, ils ont des filiales un peu partout dans le monde. Alex est arrivé en Guyane il y a trois ans où il a été placé à l'internat du lycée privé de Cayenne. C'est là qu'il a connu Charles. Quand il est entré à ESIRA, ses parents avaient déjà quitté la Guyane. Ils résident aujourd'hui au Japon.
Kalysse et Dan ne s'attendaient pas du tout à ça, ils se regardent avec de grands yeux. Dan s'exclame alors en souriant :

- Eh ben dis donc ! T'es plutôt sympa pour un gosse de riche !

Tous éclatent de rire ! La soirée se poursuit dans la joie et la bonne humeur. Kalysse remarque que Dan est très à l'aise avec Eva et Alex, ça lui fait plaisir de le voir si joyeux, si heureux.

Après le dîner, Dan et Alex raccompagnent les deux charmantes demoiselles jusqu'à leur résidence. Pendant qu'Alex embrasse Eva fougueusement et très longuement, Dan se surprend à dire à Kalysse qu'il a beaucoup apprécié cette soirée avec ses amis. Il trouve qu'Alex est quelqu'un de bien et de très sympathique. Il donne rendez-vous à Kalysse le lendemain à 19 heures après son entraînement de rugby. Puis, il lui murmure à l'oreille :

- Je n'ai qu'un seul regret, je n'ai finalement pas pu voir ta chambre aujourd'hui.

Kalysse sourit et lui répond :

- C'est pas perdu, ma chambre est toujours là. On aura sûrement d'autres occasions.

Dan la regarde dans les yeux, lui sourit, l'embrasse tendrement. Il se colle à elle et l'enlace en la serrant très fort contre lui.
Ce doux et court moment de chaleur au creux de ses bras fait un bien fou à Kalysse.

Mais toutes les bonnes choses ayant une fin, ils se quittent. Kalysse et Eva entrent dans leur résidence en leur soufflant plein de baisers avant de glisser derrière la porte en bois. Dan et Alex s'en vont ensemble vers leurs résidences.

Avant d'aller dormir, Eva propose à Kalysse de s'exercer ensemble une dernière fois pour leur exposé d'anglais. Kalysse est d'accord et lui fait sa présentation. Eva est épatée par le travail de son amie mais Kalysse n'est pas convaincue, elle est stressée. Eva s'en inquiète :

- Qu'est-ce qu'il se passe, Kalysse ?

- J'ai comme un mauvais pressentiment pour demain. Je ne sais pas trop pourquoi, j'ai peur pour l'exposé, pour ma note d'astrophysique… J'ai même peur pour Dan et moi, j'ai l'impression que ça ne va pas durer.

- Je comprends que tu aies peur, je l'ai écouté moi aussi, devenir astronaute, c'est son rêve. Tu as sûrement peur qu'il s'en aille un jour dans l'espace et qu'il te laisse seule ici. C'est pour cette raison que je ne tiens pas du tout à ce qu'Alex se lance là dedans. Tu devrais détourner Dan de cette idée. Je pense que tu sauras trouver les bons arguments pour le convaincre.

Kalysse, elle, n'en est pas si sûre.

5 décembre 2021

28- Kalysse de retour à ESIRA

Nous sommes dimanche, Kalysse est pressée de rentrer à ESIRA. Elle regarde une nouvelle fois sa montre et relance son père sur l'heure du départ :

- P'pa, c'est à quelle heure que t'as dit qu'on partait ?

- T'es bien pressé d'y aller aujourd'hui ! fait remarquer son père.

- Notre chère Kalysse a un petit copain, ça change tout, explique sa mère avec un sourire taquin.

- Je comprends mieux maintenant, répond son père en riant.

Kalysse est un peu gênée, elle n'avait pas vraiment envie que son père soit au courant.

A 15 heures, ils prennent la route. Kalysse envoie un message à Dan pour lui dire qu'elle venait de quitter sa maison et qu'elle serait là dans environ 20 minutes.

Dan reçoit son message, il est fou de joie. Lui aussi commençait à trouver le temps long sans elle.

Quand Kalysse et son père arrivent à une vingtaine de mètres d'ESIRA, celle-ci repère une silhouette familière adossée au mur à côté du portail. Plus la voiture s'approche, plus sa joie est grande. "C'est Dan, il est venu m'attendre au portail, ça alors !" se dit-elle. Quand Dan aperçoit Kalysse, il sourit. Kalysse a les yeux qui brillent et elle répond immédiatement à son sourire oubliant complètement que son père est à côté d'elle. Celui-ci a remarqué leur échange de regard et de sourire. Il ne lui en faut pas plus pour arriver à la conclusion suivante :

- C'est ton copain ? 

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? lui demande Kalysse surprise par sa déduction.

- J'ai vu juste, on dirait... Eh ben dis donc, tu t'embêtes pas, toi ! s'exclame son père en souriant.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Les grands blonds musclés aux yeux bleus, ça court pas les rues !

- Il n'a même pas les yeux bleus ! proteste Kalysse.

- Je vais aller vérifier et en profiter pour lui dire deux mots, lui répond son père avec un sourire en coin.

- Papa ! lui crie Kalysse le suppliant de ne pas y aller.

Son père arrête la voiture et se tournant vers sa fille, il lui sourit et dit :

- Ok, je vais lui épargner mon discours aujourd'hui mais ce n'est que partie remise. 

Kalysse soulagée, sourit, fait un gros bisou à son père et sort de la voiture avec son sac.

En faisant demi-tour, le père de Kalysse lance un regard intimidant à Dan comme pour lui faire comprendre qu'il était au courant pour eux et qu'il l'avait à l'œil.

Dan ne sait pas vraiment que penser de ce regard. Mais il l'oublie vite quand il voit sa belle Kalysse avancer dans sa direction avec un sourire magnifique sur les lèvres. C'est avec empressement qu'il pose sa bouche sur la sienne. Il n'en pouvait plus d'être loin d'elle. Un week-end lui avait paru un siècle.

- Tu es fou d'être venu m'attendre ici ! lui lance Kalysse.

- Je n'en pouvais plus de t'attendre. Quand j'ai reçu ton message, je suis venu me pointer ici pour ne pas te rater.

- Mon père t'a tout de suite remarqué !

- Comment ça ?

- Quand il t'a vu là en train de m'attendre, il a vite compris que tu étais mon copain.

- Je ne pensais pas que tu allais parler de moi à ton père. C'est pour ça qu'il me regardait comme ça ! Oups !

- J'en ai juste parler à ma mère, c'est elle qui lui a dit... Et encore, tu as de la chance, tu as échappé à son discours de père protecteur aujourd'hui.

- Ouf ! J'ai eu chaud, c'est mon jour de chance alors !

Ils se sourient et tous les deux entrent dans l'enceinte d'ESIRA. Kalysse remarque alors qu'il a la même coiffure qu'hier soir, cheveux à la "spiky hair"

- Tu as refais ta coiffure d'hier soir. Ne me dis pas que tu viens de te faire un shampoing ?

- Non, j'ai fait pire que ça, je me suis acheté un gel fixant pour cheveux pour la première fois de ma vie.

- Pourquoi tu as fait ça ?

- Parce que je m'ennuyais et que je pense trop à toi.

Kalysse  est surprise et touchée. Elle comprend que Dan a voulu lui plaire en optant pour cette nouvelle coiffe. Elle ne pensait pas qu'il allait changer de coiffure rien que pour elle. Elle se rend alors compte que Dan attache beaucoup d'importance à ce qu'elle dit et pense de lui. Elle se dit qu'elle avait un peu exagérée hier soir, c'est vrai qu'il est super craquant avec les cheveux courts hérissés comme ça, mais au fond, elle s'en foutait. Pour elle, le style c'était du superficiel, ça ne comptait pas. Même avec une autre coiffure ou complètement chauve, elle le trouverait toujours très beau. Elle se dit qu'il faut qu'elle fasse gaffe à l'avenir, il ne serait pas bon qu'il change pour elle. Ce n'est pas le but.

Elle reprend alors en le taquinant :
- Donc, quand tu t'ennuies et que tu penses à moi, tu vas acheter du gel pour cheveux ?

Dan sourit :

- Je ne te dis pas la galère pour trouver du gel pour cheveux un dimanche !

En marchant vers la résidence de Kalysse, il lui raconte ses tribulations de la journée pour trouver ce fameux gel. Il lui dit qu'il est parti à pied d'ESIRA pour regagner le village d'à côté. Il est passé devant plusieurs petites boutiques, toutes étaient fermées. En fait, il a oublié qu'on était dimanche. Quand il trouva enfin une boutique ouverte, elle était tenue par une petite dame chinoise qui ne vendait que des produits alimentaires. Elle lui proposa de l'huile de coco en lui disant que c'était très bon pour les cheveux. Kalysse rigole. Dan poursuit en précisant qu'il était en nage car il fait très chaud. Il dût finalement se résoudre à prendre le bus pour se rendre au supermarché de Kourou où il a enfin trouvé son fameux gel. 

- "Dan à la quête du saint gel", bientôt dans toutes les salles ! conclut Kalysse en éclatant de rire.

Dan sourit. Il voit bien que Kalysse est en train de se moquer de lui mais il s'en foût. Il aime la voir rire, il la trouve rayonnante. Elle est un soleil qui illumine et réchauffe sa vie. Il a l'impression de respirer à nouveau et il se dit qu'il fait bon d'être enfin avec elle.

Une fois, devant la résidence de Kalysse, tous les deux s'arrêtent. Kalysse lui propose de monter :

- Hier, j'ai vu ta chambre; aujourd'hui, à mon tour de te montrer la mienne.

Rien que l'idée de se retrouver dans la chambre de Kalysse lui donne un coup de chaud. Il est tout agité, tout excité, ses plus beaux rêves et ses pires fantasmes se bousculent dans sa tête, il tente de ne rien laisser paraître.

- Ok, répond-il en souriant avec les yeux qui s'illuminent.

Kalysse est sur le point d'ouvrir la porte d'entrée de la résidence avec sa carte quand une voix se fait entendre derrière elle :

- Kalysse ! Kalysse !

Celle-ci se retourne et voit Eva et Alex qui avancent dans leur direction.

- C'est Eva, dit Kalysse à Dan.

Eva les salue.

- Salut Kalysse ! Bonjour Dan !

- Salut Eva ! lui répond Kalysse.

- Tu es arrivé tôt, dis-moi ! lance Eva à son amie

- J'avais une très bonne raison pour arriver plus tôt aujourd'hui, lui répond Kalysse en souriant.

Eva devine, sans difficulté, quelle est cette "très bonne raison" dont lui parle Kalysse, elle sourit et se tourne vers Alex pour lui présenter Dan.

- Alex, je te présente Dan, le petit ami de Kalysse. Dan, je te présente Alex, mon copain.

Les deux garçons se serrent la main. Dan regarde Alex qui lui sourit amicalement, heureux de rencontrer enfin ce fameux Dan dont il entendait parler depuis quelques temps. Bien qu'Alex lui paraît être un garçon gentil et sympathique de prime abord, Dan ne donne aucun crédit à cette première impression, il reste courtois et distant. Eva, très heureuse de cette rencontre, propose :

- Pourquoi on irai pas prendre un verre à la cafèt tous les quatre ?

Kalysse et Dan sont surpris par cette invitation, ils se regardent. Kalysse demande à Dan :

- Ça te dit ?

- Pourquoi pas ! répond-il .  

- Super ! s'exclame Eva.

- Je monte déposer mes affaires et je reviens.

Du coup, Kalysse monte seule dans sa chambre. Dan est un peu déçu par la tournure des événements, il n'avait du tout envie d'aller prendre ce verre avec eux. Il a accepté cette invitation uniquement parce qu'il sentait que ça aurait mis Kalysse mal à l'aise s'il leur avait dit non. Mais il se résigne essayant de faire contre mauvaise fortune bon coeur, il se dit qu'il sera quand même avec elle et que c'est déjà bien.

Il reste donc dehors à l'attendre avec Alex et Eva. Cette dernière lui demande où il habite dans ESIRA. Il lui indique alors où se situe la résidence Seyfert. Alex lui dit qu'il est juste à côté dans la résidence Centaure. C'est alors que Kalysse arrive et tous les quatre se dirigent vers la cafètéria.

25 novembre 2021

26- Kalysse parle de Dan à sa mère

Kalysse est très heureuse de retrouver sa famille. Elle a l'impression que ça faisait des mois qu'elle ne les avait pas vus alors que ça ne fait pas six jours. Cette semaine lui a paru plus longue, plus dense. L'arrivée de Dan dans sa vie a considérablement modifié son rythme hebdomadaire habituel. Sa mère remarque tout de suite qu'elle est plus joyeuse que le week-end dernier. Elle est toute souriante.

- Kalysse, tu es vraiment radieuse ! Tu as passé une bonne semaine, on dirait ? fait-elle remarquer.

- On n'peut rien te cacher à toi.

- Tu es ma fille, je vois tout de suite quand ça va pas, mais quand ça va bien, je le vois aussi.

Kalysse reste silencieuse. Elle ne sait pas si elle doit parler tout de suite de Dan à sa mère, elle hésite.

 Cette dernière, impatiente, la relance :

- Alors que me vaut ce beau sourire ?

Kalysse ne pouvant garder plus longtemps ce secret pour elle, lui déclare :

- Maman, j'ai un copain.

- Tu as un copain ! J'en étais sûre... C'est le garçon dont tu m'avais parlé la semaine dernière ?

Kalysse se souvient alors qu'elle lui avait confié à demi-mot sa déception avec Charles et qu'elle avait fini en larmes dans ses bras. Elle rectifie tout de suite :

- Non, maman. J'ai rencontré quelqu'un d'autre, et celui-là, il est parfait.

- "Parfait" ? C'est un peu fort pour un garçon que tu viens de rencontrer, Kalysse.

- C'est vrai, j'exagère peut-être. Mais je le trouve vraiment, vraiment très bien.

Sa mère sourit. Elle est heureuse de voir sa fille enthousiaste et si sûre d'elle.

- Il est en 2ème année aussi ? lui demande-t-elle.

- Non, il a fini ses études. Il travaille déjà comme ingénieur sur la base de lancement.

En entendant cette information, le sourire qui était sur le visage de la mère de Kalysse disparaît laissant place à un regard froid.

Kalysse le remarque et lui demande :

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Il travaille déjà ? demande-t-elle.

- Oui, m'man.

Kalysse sent bien qu'il y a un problème pour sa mère. Celle-ci la regarde et lui fait part du fond de sa pensée :

- Cela ne m'enchante pas de savoir qu'il travaille. J'aurais préféré que tu sortes avec quelqu'un de ton âge.

- Mais ce n'est pas un vieux, maman ! Il doit avoir 24 ou 25 ans max.

- Ce n'est pas la différence d'âge qui pose problème mais quelqu'un qui travaille n'a pas les même priorités que toi.

Kalysse écoute sa mère et ne comprend pas pourquoi elle réagit comme ça. Elle répond :

- Je ne comprend pas pourquoi tu dis ça. Au contraire, tu devrais être contente de savoir que c'est quelqu'un qui travaille, et qui est, en plus, ingénieur. Il est sérieux et il n'a pas de soucis d'argent.

Sa mère rétorque :

- Sa situation et son argent m'importent peu, Kalysse ! Je ne vais pas t'empêcher de sortir avec lui, si c'est ce que tu crains. Tu me répètes assez souvent que tu es majeure et que tu sais ce que tu fais. Mais je vais te donner un conseil : Garde toujours en tête ton objectif, tes études. Ce garçon t'invitera sûrement à sortir, à faire la fête ou autre chose avec lui. Tu vas tout accepter pour être avec lui. Mais, n'oublies pas que tu es encore étudiante, tu as des devoirs, du travail. Tu ne dois pas passer à côté de ton année. Tu comprends pourquoi j'aurai préféré que tu sortes avec un étudiant.

Kalysse écoute sa mère, elle comprend sa position. Elle sent qu'il y a du vécu dans ce qu'elle dit mais elle n'ose pas lui demander. Le père de Kalysse ayant commencé à travailler très jeune, ils ont emménagé ensemble à 20 ans. Elle se dit que sa mère avait peut-être renoncé à ses études pour le suivre et vivre avec lui. Kalysse est certaine que ce ne sera pas son cas avec Dan et elle tient à rassurer sa mère :

- Je comprends, maman. Mais Dan a fait tout son cursus à ESIRA, il est passé par le même chemin que moi et il est allé jusqu'au bout. Il m'encourage et il a même déjà commencé à m'aider en anglais pour mon exposé de lundi. Il est, d'ailleurs, très très bon en anglais. Je sais qu'il ne veut pas que je rate mes études. 

- J'espère que ça va continuer comme ça. C'est tout ce que je te souhaite... Alors comme ça, il s'appelle Dan?

- Il préfère qu'on l'appelle Dan mais en vrai, il s'appelle Dany Perrault. 

- Dany Perrault, je suppose donc qu'il n'est pas guyanais.

- Ne me dis pas que tu aurais préféré aussi que je sorte avec un guyanais !

- Mais non, Kalysse ! Je ne suis pas de ceux qui souhaitent que tu sortes à tout prix avec quelqu'un d'ici. Tu choisis qui tu veux tant qu'il t'aime et qu'il ne te fasse pas renoncer à tes études.

- Maman, je pense qu'il m'aime et tu peux être rassurée, rien, ni personne ne me fera arrêter mes études.

Voir Kalysse si déterminée fait plaisir à sa mère. Kalysse la prévient qu'elle va appeler Dan en visio après le dîner. Sa mère lui fait  remarquer qu'elle a de la chance de pouvoir le voir comme ça. Elle lui explique qu'à son époque, les appels vidéo n'étaitent pas possibles car les téléphones n'étaient pas équipés de caméra et ils n'avaient même pas l'Internet haut débit pour tchatter sur un ordi. Elle lui confie, cependant, que même si la communication était parfois saccadée et sans image, ça ne les empêchait pas d'avoir des conversations longues et intenses.

Kalysse écoute sa mère attentivement. Elle a du mal à concevoir qu'on puisse appeler quelqu'un sans pouvoir le voir. "Aujourd'hui, cela semble si simple et si évident, je serai frustrée si je ne pouvais plus le faire. Je suis bien contente de vivre à mon époque." se dit-elle.

17 novembre 2021

25- Discussion avec Eva

Kalysse regagne sa chambre. Elle est sur le point d'ouvrir sa porte quand elle voit Eva débouler dans le couloir comme une furie.

Elle la regarde et sourit. Eva, elle, ne sourit pas, à la fois inquiète et en colère, elle s'écrie :

- Mais où étais-tu, Kalysse ? Tu sais combien de fois je suis passée depuis hier soir ? 

- Doucement ! On va entrer et parler, lui répond Kalysse calmement.

Les deux jeunes filles entrent dans la chambre. Kalysse s'asseoit sur son lit. Eva est dans tous ses états, elle reste debout.

- Mais où as-tu passé la nuit, Kalysse ? Et surtout avec qui ? lui demande-t-elle avec un air grave.

- "Avec qui" ! Mais quelle question ! Avec Dan bien sûr ! répond Kalysse effarée par cette question dont la réponse lui semblait si évidente puisse qu'Eva savait très bien qu'elle sortait avec Dan.

Eva la regarde. Son regard est dur et sévère.

- Kalysse, je ne sais plus... Je ne suis plus sûre de rien te concernant en ce moment.

Kalysse est interloquée par ce qu'elle dit :

- Mais pourquoi tu dis ça, Eva ?

Eva lui raconte alors :

- Hier soir, j'étais avec Alex. Charles est venu le voir. Il était fou de joie, complètement euphorique. Depuis que je le connais, je ne l'avais jamais vu comme ça. On se demandait Alex et moi quelle était la cause de cette surexcitation. Quand il nous a expliqué qu'il t'avait rencontré au centre de doc et que vous avez travaillé ensemble tous les deux sur l'exposé d'anglais, j'ai cru avoir mal entendu, mal compris, que c'était une mauvaise blague. J'ai même cru qu'il était mytho... Il m'a assuré avec insistance que c'était vrai et que tu avais passé l'éponge sur tout ce qu'il t'avait fait. Alors, je te le demande Kalysse, est-ce bien vrai que tu as travaillé avec lui sur ton exposé et que tu lui as tout pardonné ?

Kalysse est perturbée par ce que lui raconte Eva mais elle ne peut pas le nier.

- Oui, Eva. Charles m'a proposé de travailler avec lui et j'ai dit oui.

Eva ne tient plus en place. Elle fait de grand pas dans la pièce, sans même la regarder, ni dire un mot. Après quelques secondes qui parurent une éternité à Kalysse, tout a fini par sortir :

- Je ne te comprends plus Kalysse. Qu'est-ce que tu veux ? A quoi tu joues ? Lundi, tu ne voulais plus le voir. Mardi, tu as déchiré sa lettre, là devant moi. Mercredi, tu voulais le refroidir un bon coup en demandant à Alex de lui dire que tu avais un copain. Et là, vendredi, tout est oublié, effacé... Et vous travaillez ensemble.

Kalysse ne sait plus quoi lui dire. Elle comprend que son amie soit déconcertée par son changement d'attitude par rapport à Charles,  elle tente alors de la rassurer.

- Je comprends Eva que tu t'interroges. Mais, je n'ai fait que travailler avec lui sur l'exposé. Je ne sors pas avec lui.

- Je ne sais pas si tu es naïve, ou si, au fond, ça t'arrange de penser ça mais moi, je ne lui fais pas confiance, je ne lui fais pas du tout confiance.

- Pourquoi tu vois les choses comme ça ?

- Parce qu'elles sont comme ça, Kalysse ! Après ce qui t'es arrivé avec lui, Alex m'a beaucoup parlé de Charles. Figures-toi que c'est un alpha dominant +++. S'il s'est mis en tête de t'avoir, il fera tout pour atteindre son objectif : te séparer de Dan et t'avoir rien que pour lui.  

Kalysse, face aux mots d'Eva, se sent mal. 

- Tu as sans doute raison, Eva. Je ne suis pas si naïve. Je sais bien qu'il en pince toujours pour moi. Je le vois dans ses yeux, dans son sourire. Pourtant, quand il m'a demandé pour travailler avec lui, j'ai hésité mais je me suis vite laissé convaincre par ses arguments.

Eva regarde Kalysse. Elle comprend et lui demande :

- Tu as toujours le béguin pour lui, on dirait ?

Kalysse sait qu'Eva est dans le vrai. Elle inspire et expire un grand coup et poursuit :

- Hier, quand il est arrivé à côté de moi, je n'avais plus aucune animosité envers lui, j'avais tout oublié comme tu dis. Il était si gentil, si avenant, si sérieux quand il travaille... Pour te répondre, oui, il me plaît toujours, c'est comme une attirance contre laquelle j'ai du mal à lutter.

Eva écoute attentivement son amie. Elle se rend compte que Kalysse vit actuellement une période assez trouble et elle lui fait ce constat :

- Kalysse, ça faisait longtemps finalement qu'on n'avait pas parlé comme ça. Je me rends compte que ces derniers temps, j'étais aux abonnés absents. Le peu de fois qu'on a parlé, je t'ai engueulée, j'ai critiqué tes décisions. Je le regrette. Je ne t'ai pas écouté, pas comme j'aurai dû le faire.

Kalysse lui sourit et lui dit :

- Je ne t'en veux pas, Eva. Je suis très contente que tu sois avec Alex, c'est un garçon vraiment bien et il est fou de toi en plus. A ta place, j'aurai fait pareil.

Eva sourit :

- Pour moi, les choses ont été plus simples que pour toi. Je te conseille en tout cas, de faire ton choix et de le faire vite car tu sais ce qui arrive à ceux qui courent derrière deux lièvres à la fois, ils finissent seuls.

- Je sais que je suis toujours attirée par Charles mais je ne vais pas quitter Dan. Je sais qu'il tient sincèrement à moi et c'est réciproque. 

Eva sourit  et lui demande :

- Et cette nuit avec lui ?

- Y a pas de quoi faire un film ! Je me suis juste endormie et Monsieur ne voulait pas me réveiller pour pouvoir me garder et me regarder toute la nuit

- Il est mignon.

- Oui, c'est vraiment un garçon bien. Tu sais, ses amis sont tombés sur nous... 

Kalysse raconte à Eva son embarras devant les coéquipiers de Dan, la chambre imppeccable de ce dernier, son lycée militaire, son désir brûlant pour elle... Les deux amies sont contentes de partager de nouveau des confidences comme avant.

Une fois qu'Eva est partie, Kalysse se prépare pour rentrer chez elle. Elle range ses affaires. Soudain, ses yeux se portent sur sa corbeille à papier. Elle revoit les morceaux de papier de la lettre de Charles. Dans sa tête, elle revoit Charles lui parler de cette lettre. Il ne lui a pas fallu longtemps pour attrapper sa poubelle et la vider complètement sur son bureau. Elle récupère tous les morceaux de la fameuse lettre et reconstitue le puzzle. Après avoir assemblé chaque petit bout de papiers les uns aux autres, elle lit :

" Chère Kalysse,

C'est la première fois que j'écris une lettre à quelqu'un. J'espère vraiment que tu la liras. Je voulais te voir pour m'excuser mais j'ai bien vu que tu fais tout pour m'éviter. Eva m'a dit que tu ne veux plus me parler, ni même me voir. Au fond, je l'ai bien mérité. J'ai vraiment été trop con à cette soirée. Je te l'écris et si je t'avais en face de moi, je te l'aurais dit. Je le reconnais aujourd'hui avec toi, j'ai été franchement nul, j'ai tout raté avec toi. Je voulais tellement que tu me trouves bien, je voulais te montrer que j'étais le meilleur, le meilleur étudiant, le meilleur parti, le meilleur en tout. Je n'ai même pas remarqué que j'en faisais des tonnes et des tonnes. Je suis désolé, vraiment.

Je regrette surtout de m'être mis en colère contre toi. Je n'ai pas voulu te faire du mal, je voulais juste que tu restes avec moi. Quand tu m'as dit que tu voulais partir, je crois que j'ai complétement disjoncté, je n'arrivais pas à le croire. C'était comme si j'avais reçu un coup violent en pleine face et j'ai réagi en ripostant. Je n'ai pas d'excuses, j'aurai dû accepter ta décision, au lieu de ça, j'ai réagi comme un con dans toute sa splendeur.

En me réveillant le samedi matin, j'ai eu envie de me fracasser la tête. J'ai pris conscience un peu tard d'être aller trop loin.

Tu n'es pas obligé de me croire mais je ne suis pas l'égocentrique prétentieux que tu as pu voir ce soir-là. Peut-être que je le suis un petit peu parfois, peut-être 1, voire 2% mais 98% du temps, je suis un Charles différent de celui que tu as vu ce soir là et j'espère que j'aurais la chance de te le montrer un jour.

Avec toi, Kalysse, je sens que j'ai raté quelque chose et je n'arrive pas à m'en remettre. J'espère, avec cette lettre, regagner quelques points. Reconnaître ses erreurs, c'est déjà être un peu moins con. J'espère qu'un jour, on aura une autre chance, toi et moi. En tout cas, si tu veux me parler, je te laisse mon numéro : 0768 456 7XX.

Je t'embrasse tendrement

Charles"

 

Kalysse ne le pensait pas mais cette lecture l'a mise dans un état pas possible, elle est touchée, troublée jusqu'au plus profond d'elle-même. Elle la lit et la relit. Elle admire chaque lettre de chaque mot, non pas comme de la belle calligraphie ou pour en faire une étude graphologique, mais comme si chaque lettre était une partie de lui, un prolongement de sa personne. Ses lettres sont bien alignées, inclinées vers la droite, parfois irrégulières, espacées et imposantes. Kalysse ramasse tous les bouts de papier et les pose sur son coeur. Aujourd'hui après cette discussion avec Eva, c'était le meilleur moment pour la lire. Elle croit en ce Charles, celui des 98%, elle le pense sincère et vrai dans ses mots, dans ses phrases. "Si seulement il avait été moins nul ce soir-là, ça aurait vraiment pu marcher entre nous." pense-t-elle.

Elle prend de l'adhésif, recolle tous les morceaux. Une fois, reconstituée, Kalysse dépose un baiser sur la lettre. Puis, elle la dépose dans le tiroir de son bureau qu'elle referme en disant : "Dommage, c'est trop tard. Je suis avec Dan aujourd'hui et je ne le quitterai pas." 

11 novembre 2021

24- Un samedi matin avec Dan

C'est le matin, Kalysse sent une légère brise caresser son visage. Elle ouvre les yeux tout doucement et constate alors qu'elle n'est pas dans sa chambre. 

- Mais où est-ce que je suis ? se demande-t-elle

Elle se redresse en sursaut, tourne la tête et elle voit Dan à côté d'elle qui lui sourit en disant :

- Bonjour ma Belle au bois dormant !

Kalysse se rappelle alors qu'elle était venue avec Dan ici sur ce toit pour manger des pizzas. Elle n'arrive pas à croire qu'elle a passé la nuit là sur ce matelas.

- Ne me dis pas que je me suis endormie ici ? s'exclame-t-elle.

- A ton avis ? lui répond Dan.

- Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?

- Je n'ai pas osé te réveiller car...

Soudain, des bruits de voix se font entendre, Dan stoppe net son explication. La porte s'ouvre, deux garçons et une jeune fille débarquent sur le toit. Quelle surprise pour eux de découvrir Dan et Kalysse là sur le matelas, ils sourient face à cette scène très embarrassante. Kalysse et Dan sont vraiment gênés. Le plus grand des deux garçons, un guyanais s'adresse à Dan :

- On dirait qu'on a dérangé les amoureux !

- Dan, je comprends mieux pourquoi t'as quitté le terrain si vite hier soir, rajoute l'autre garçon.

Tous les trois rigolent.

Dan leur répond par un sourire honteux. Kalysse comprend qu'il s'agit de ses coéquipiers de rugby.  Dan se lève, se tourne vers elle et lui tend la main pour l'aider à se relever. Puis, il garde sa main dans la sienne et lui dit :

- On va descendre.

Kalysse acquiesce en hochant la tête.

- On voulait pas vous faire partir, rajoute son coéquipier guyanais.

Dan lui répond :

- De toute façon, on allait descendre. 

Dan les regarde, hésite, puis il se décide à faire les présentations :

- Kalysse, je te présente Jérôme, Kévin et Léa. Tu as dû le comprendre, ils font partis de l'équipe de rugby d'ESIRA.

Puis, en regardant le petit groupe d'amis, il leur présente Kalysse :

- Je vous présente Kalysse, ma copine.

- Enchanté ! répond Jérôme, le guyanais en lui faisant son plus beau sourire.

- Enchantée ! Quel cachotier ce Dan ! Il cachait bien son jeu sous ses airs de garçon solitaire et sans attache ! lance Léa.

- Personne ne se doutait que Dan avait quelqu'un, ça alors ! On est sur le cul mais vraiment contents de te rencontrer Kalysse, renchérit Kévin.

- Faut que vous arrêtiez de mettre des étiquettes sur la tête des gens ! leur répond Dan en souriant.

Il leur souhaite une bonne journée et se précipite vers la porte entraînant Kalysse derrière lui. Ils descendent jusqu'à sa chambre et la fait entrer. Une fois la porte refermée derrière eux, contrit, il s'excuse :

- Je suis désolé, je sais que c'était très embarrassant comme situation, lui dit-il 

- C'est pas ta faute, tu ne savais pas qu'ils allaient monter.

- Tous les trois, ils sont en dernière année à ESIRA. Ils ne me connaissent pas vraiment. J'espère que ça ne te dérange pas qu'ils t'ont vue comme ça.

- On était tout habillés. C'est pas grave. On n'a fait que dormir ... n'est-ce pas ?

Dan la regarde, sourit et lui répond :

- Rassure-toi Kalysse ! On n'a fait que dormir... Et puis, si on l'avait fait, tu n'aurais jamais pu l'oublier.

- Quel prétentieux ! s'exclame Kalysse en souriant.

Dan et elle s'asseoient sur les chaises près de la petite table ronde au milieu de la pièce.

- Tu veux un café ? lui propose-t-il.

- Non, je ne prends jamais de café, lui répond Kalysse.

- Moi non plus, je n'en prends jamais. Mais je pense que ce matin, je devrais en prendre un.

- Si tu en prends, ok, prends-un aussi pour moi.

Dan sourit et n'ayant pas de café dans sa chambre, il va en chercher au distributeur qui est dans le hall d'entrée de la résidence. 

Kalysse profite de son absence pour inspecter les lieux. La chambre de Dan est surprenante, elle ne s'attendait pas du tout à ça. Plus elle traverse la chambre, plus elle est sidérée. Elle pensait se retrouver dans une chambre de garçon un peu bordélique avec des vêtements jonchés à droite et à gauche, des affaires fanées un peu partout... Mais rien de tout ça, la pièce est parfaitement bien rangée, rien sur la table, rien sur le bureau, rien dans la poubelle, rien sur le lit fait au carré. Pas une photo, pas une affiche sur les murs, tout est impersonnel, tellement qu'elle trouve ça vraiment étrange. Elle ouvre le placard et là, tous les vêtements sont repassés et bien pliés en quatre sur les étagères, les chemises sont sur les cintres,  les chaussures toutes bien alignées. Tout est à sa place, rien ne dépasse, rien ne déborde. Elle referme le placard. Curieuse, elle s'avance vers la salle de bain, elle fait le même constat : tout est propre et bien rangé. Elle se regarde dans le miroir, elle s'interroge : "Cette chambre est si bien rangée, si nickel que ça fait vraiment "too much". Je trouve ça flippant !"

Tout à coup, elle l'entend arriver dans la chambre. 

- Je suis dans la salle de bain, lui dit-elle.

Elle passe un peu d'eau sur son visage et le rejoint.

Elle le retrouve assis sur la chaise avec les deux gobelets de café. Elle sourit et lui demande :

- Pourquoi tu voulais prendre un café aujourd'hui ?

Il hésite et se lance :

- J'ai passé une grande partie de la nuit à te regarder dormir. Tu es très jolie quand tu dors.

- Tu aurais quand même dû me réveiller, lui reproche-t-elle.

- Je suis désolé, j'ai pas osé... Et puis, j'avais envie de te garder pour moi, rien que pour moi toute la nuit.

Kalysse l'écoute, Dan se révèle être quelqu'un de très possessif. Elle a le sentiment étrange que si elle reste là, elle va finir comme toutes les affaires de cette chambre, bien rangée et à sa place. Cette pensée l'effraie et, lui est insupportable.

Kalysse boit son café en vitesse et elle lui dit qu'elle doit partir.

- Il est encore tôt, Kalysse, il n'est pas encore 7 heures.

Dan la regarde. Il voit que ça ne va pas. Il demande alors :

- Qu'est-ce qui ne va pas, Kalysse ? Je sens qu'il y a quelque chose.

Kalysse le regarde mais n'ose pas lui faire part de ses craintes. Elle tente en vain de le rassurer :

- Il n'y a rien, je dois juste rentrer. Mon père ne va pas tarder. Il arrive parfois tôt le samedi.

Dan la regarde. Il commence à la connaître, il sait qu'elle ne lui dit pas tout et qu'il y a autre chose.

- Il y a quelque chose que j'ai dit ou fait qui ne t'a pas plu ? relance-t-il.

- Non, pas du tout.

Kalysse le regarde, elle sent qu'il ne se contentera pas de cette réponse, elle se décide à parler :

- C'est ta chambre. Je ne pensais pas que ta chambre serait comme ça !

- Ma chambre ? Mais tu rigoles là ! Elle doit être comme la tienne, non ? C'est un modèle standard, je crois.

- Oui mais je ne pensais pas que ce serait si ordonné, si bien rangé et si impersonnel.

- Oui, j'ai jamais eu vraiment le temps de faire la déco, plaisante-t-il.

- Et ce lit au carré ! Tu viens d'une famille de militaire ou quoi ?

- Non, mais tu y es presque... J'ai fait un lycée militaire... Alors oui, j'ai des restes.

- Tu as fait un lycée militaire ? reprend Kalysse surprise.

- Oui.

- Je comprends mieux maintenant, ça explique pourquoi c'est si bien rangé, si ordonné.

- J'espère que ça ne te fait pas peur.

- Pour te dire la vérité, j'ai trouvé ça un peu flippant.

- Flippant ?

- Je sus désolée, Dan. C'est peut-être à cause de toutes ces séries policières que j'ai regardées mais quelqu'un de trop clean cache toujours quelque chose de terrifiant.

- Ouh ! C'est vrai que vu comme ça, je me fais peur à moi aussi, répond-il en souriant.

Kalysse sent alors qu'elle y est allée un peu fort. Elle tente de rattrapper le coup :

- Pourquoi as-tu fait un lycée militaire ? Tes parents t'y ont forcé ?

- Non, pas du tout, bien au contraire. Antimilitaristes, ils étaient contre tous les deux. Mais c'était mon choix. Comme j'étais fixé sur mon projet de devenir un jour astronaute, j'ai étudié toutes les possibilités qui s'offraient à moi. Le lycée militaire était le seul lycée qui me permettait d'avoir un niveau scolaire et sportif que les autres lycées ne m'aurait pas permis d'atteindre. 

- C'était dur, non ?

- Oui, surtout au début, et après, on s'habitue.

- Racontes-moi. Il n'y a pas de tel établissement ici.

- Ok, si tu veux. Dès que je suis arrivé là-bas, ils m'ont attribué un matricule. J’étais le 1978C. Ils nous ont parlé du réglement et ce qu'ils attendaient de nous, et dès le lendemain, ça a commencé. Tous les matins, un militaire faisait une revue des chambres. Tant que tous les lits n’étaient pas faits correctement, personne ne quittait la chambre. Je peux te dire que moi qui n'avais pas l'habitude de faire mon lit à la maison, j'ai vite appris à faire mon lit au carré. On a appris à marcher au pas comme de vrais militaires dans tous les sens du terme. Pour le reste, on avait tous les cours comme les autres lycées mais on faisait deux à trois heures de sport en plus tous les jours. C'était très dur pour moi car j'étais un gringalet à l'époque, j'étais la cible de moqueries et de bizutages. Mais je ne pouvais pas, je ne voulais pas abandonner. Je restais concentrer sur mon objectif et je m'entraînais secrètement la nuit ou dès que j'en avais l'opportunité. Je faisais des pompes et des tractions. J'ai pu rapidement acquérir un excellent niveau de résistance physique et j'ai fini par devenir l'un des meilleurs de ma classe en sport. C'est d'ailleurs en seconde que j'ai commencé le rugby.

Kalysse n'en croit pas ses oreilles. Elle, qui n'avait connu que le lycée publique très ouvert de Cayenne et qui se plaignait souvent des règles et des restrictions, était loin d'imaginer qu'il y avait des établissements aussi durs. Elle soupire.

Dan la regarde et sourit :

- C'est fini maintenant. Quand on m'a dit que le réglement d'ESIRA était très strict, tu comprends que ça m'a fait sourire.

- Oui, je comprends.

- Après mon lycée, ils m'ont proposé d'intégrer l'école de l'air et de l'espace. Je n'ai pas longtemps hésité avant de m'inscrire ici. ESIRA, c'est largement mieux. C'est moins militarisé mais tout aussi sérieux. Et avoir la base de lancement à proximité, c'est vraiment génial !  

- Moi, je n'aurai jamais pu supporter le lycée militaire, lance Kalysse. Je comprends maintenant pourquoi tout est si propre et si bien rangé. Tu attendais que je te fasse la revue, on dirait !

Dan sourit.

- Alors, comment trouvez-vous ma chambre, Sergent-chef Kalysse ?

- Tout est parfait, vraiment parfait, ça ira pour aujourd'hui, répond Kalysse toute amusée.

Dan approche sa bouche et l'embrasse. Son baiser a le goût du café. Il regarde Kalysse et lui avoue :

- J'ai très envie de voir cette chambre en désordre et ce lit tout dérangé.

Kalysse comprend tout de suite à quoi il fait allusion. Elle voit son désir dans son regard. C'est comme un feu qui l'attire et la brûle à l'intérieur. Ils se rapprochent l'un de l'autre et s'embrassent langoureusement... Le corps de Dan réagit presqu'automatiquement à ce baiser, il a une folle envie d'elle, il la veut si fort. Pourtant, il sent qu'il faut qu'il s'arrête... Il détache sa bouche de la sienne et lui dit en la regardant dans les yeux :

- Je m'arrête là... J'espère que ça t'a donné envie de revenir dans cette chambre impersonnelle et trop bien rangée d'un ancien élève militaire.

- Oui, je pense que je reviendrai refaire une revue dans cette chambre très, très bientôt ! s'exclame Kalysse en se pinçant les lèvres d'envie.

Ils se sourient et tous les deux sortent de la chambre pour se rendre à la résidence de Kalysse. Dan tente de grapiller le maximum de temps en sa compagnie, il lui achète un petit-déjeuner à la cafétaria. Puis, il donne son numéro pour qu'elle l'appelle ce week-end car il sait qu'il va trouver le temps très long jusqu'à dimanche après-midi. Kalysse promet de l'appeler dans la soirée. Dan la laisse regagner sa chambre après un dernier baiser. Il sent que Kalysse commence à prendre beaucoup de place dans sa vie, presque toute la place. 

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Les amoureux de la lune
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